Editorial :

La CNIH est indépendante !

Les débuts de la commission BOCKEL ont été chaotiques pour distribuer les miettes de réparation que la loi du 23 février 2022 a accordé aux familles de harkis.

Les premiers déplacements de la CNIH pour aller à la rencontre des familles de harkis se sont résumés à un dialogue de sourd avec, d'un côté, les familles de harkis dénonçant cette aumône faite à leur drame, et de l'autre Jean-Marie BOCKEL ventant tous les bienfaits de sa commission.  Depuis le 23 février 2022, la CNIH avance et instruit les demandes de miettes de réparation. A la fin du quinquennat, la mission de la CNIH sera achevée et le drame des harkis sera enfin verrouillé juridiquement pour l'Etat. Plus personne ne pourra se revendiquer de ce drame pour exiger une nouvelle réparation.

Dans l'immédiat, c'est le premier rapport d'activité de la CNIH qui pose problème. Son annexe 4 qui promeut l'image du "traître" accolé aux harkis a enflammé la communauté harkis. En guise de réponse, Jean-Marie BOCKEL exprimera le 21 juin 2023 devant la commission de la Défense de l'assemblée Nationale la plus grande des fermetés : l'annexe 4 ne sera pas retirée mais maintenue !

Face à l'émoi provoqué par cette annexe 4, le député LR Philippe JUVIN a alors interpellé la Première Ministre pour s'émouvoir de "la conduite de la mission de réparation et de reconnaissance de la Commission nationale indépendante de reconnaissance et de réparation des préjudices subis par les Harkis, les autres personnes rapatriées d'Algérie anciennement de statut civil de droit local et les membres de leurs familles instituée par l'article 4 de la loi n° 2022-229 du 23 février 2022. Le 15 mai 2023, le président de cette commission a remis son premier rapport d'activité. L'annexe 4 à ce rapport, rédigée par une historienne franco-algérienne membre de ladite commission, promeut le discours construit et développé depuis 1962 par le pouvoir algérien pour enfermer nos compatriotes harkis dans les figures de "traitres" et de "collaborateurs". La remise de ce premier rapport à la Première Ministre a donc provoqué la colère légitime des Harkis et de leurs familles. Alors que la crédibilité du président et des membres de cette commission semble aujourd'hui fragilisée, il souhaite connaître les mesures qu'envisage de prendre la Première ministre pour garantir le bon déroulé de la mission de reconnaissance et de réparation du drame des Harkis telle que voulue par le Parlement".

En guise réponse, la Première Ministre s'est réfugiée dans l'indépendance de la CNIH pour exonérer le Gouvernement de toute responsabilité dans cette affaire : " La loi n° 2022-229 du 23 février 2022 portant reconnaissance et réparation des préjudices subis par les Harkis et leurs familles a institué auprès de la Première ministre une commission nationale indépendante dont la composition a été fixée par le décret n° 2022-394 18 mars 2022 qui prévoit que les membres ne reçoivent aucune instruction dans l'exercice de leurs attributions. Il n'est pas prévu de modifier la composition de cette commission". 

La CNIH est donc indépendante et elle fait ce qu'elle veut avec le drame des harkis. Le rapport de la CNIH a été attaqué devant le Conseil d'Etat par une association de harkis. Les juges diront prochainement si la CNIH peut faire ce qu'elle veut avec son rapport d'activité.


L'image du moment :

Le 4 avril 2024, la Cour européenne des droits de l'Homme a condamné la France dans le drame des harkis pour traitements inhumains et dégradants

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