Le bachaga Tamazout, un homme de courage et de bonté pour une entrée au Panthéon
Le destin du bachaga Tamazout, figure noble et respectée de l'histoire franco-algérienne, illustre à lui seul la grandeur, la loyauté et la tragédie vécues par tant de fils de l'Algérie française.

Mon grand-oncle, le bachaga Tamazout, fut un homme d'honneur, de conviction et de service. Il consacra toute sa vie à la France, qu'il servit avec courage et fidélité dans les heures les plus sombres de son histoire.
Panthéoniser le Bachaga Tamazout, c'est faire entrer dans cette Grande Maison l'Islam de France !
Son parcours est celui d'un patriote au sens le plus noble du terme.
Engagé dès la Première Guerre mondiale, il se distingua par son courage
et sa bravoure sur les champs de bataille d'Europe. Il reprit les armes
en 1939 pour défendre la liberté du monde lors de la Seconde Guerre
mondiale, avant de participer aux combats d'Indochine, où il fut à
nouveau honoré pour sa valeur et son engagement. Rarement un homme aura
porté aussi haut les idéaux de fraternité et de fidélité. Mais c'est durant la guerre d'Algérie que se noua le drame de sa vie.
Fidèle à ses principes d'humanité et de justice, le bachaga Tamazout accueillit sous son toit une femme veuve et ses trois enfants — deux filles et un jeune garçon de douze ans — dont le mari venait d'être lâchement assassiné par le Front de Libération Nationale (FLN). Il leur offrit le gîte, la sécurité, la protection et la tendresse d'un père de substitution. Son sens de l'honneur et sa bonté d'âme étaient reconnus bien au-delà de sa tribu : il exerçait autorité et respect sur tous les bachagas d'Algérie.
Mais la cruauté du FLN ne connut pas de limite. Les ennemis de la paix, dans leur logique de terreur, manipulèrent le jeune garçon en le menaçant d'exécuter sa propre famille s'il ne tuait pas son bienfaiteur. Enfant terrifié, instrumentalisé par la haine, il tira trois coups de revolver sur celui qu'il considérait comme un père, sur le terrain même où le Bachaga travaillait aux côtés de ses hommes. Les commanditaires furent arrêtés et jugés. Mais aucune justice ne put effacer la douleur ni l'injustice de ce geste.
Le bachaga Tamazout tomba ainsi, non pas sous les balles d'un ennemi honorable, mais sous celles de la trahison et de la manipulation. Il mourut comme il avait vécu : debout, fidèle à ses valeurs, animé d'un amour profond pour la vie, la justice et la fraternité entre les peuples.
Son assassinat demeure une plaie ouverte dans la mémoire de notre communauté. Pourtant, son exemple doit continuer de guider les générations futures : celui d'un homme qui croyait à la réconciliation, à la dignité humaine, et à la possibilité d'une Algérie et d'une France unies dans le respect mutuel.
Qu'à travers le souvenir du bachaga Tamazout, nous retrouvions la force de défendre ces valeurs universelles que sont la loyauté, la compassion et la fidélité à la parole donnée. Il fut un héros, un sage et un protecteur. Il restera pour toujours un symbole de la grandeur trahie mais jamais effacée.
Youssef DJARFI